Excellent texte de mon collègue physiothérapeute Mickael Vachon de Physio Extra.
Début janvier. La température ressentie avec le vent oscille autour de -30°C. Sur un trottoir glissant près de chez vous, austérité oblige, la ville rationne le sel, vous marchez rapidement avec pour seule intention celle de rentrer vous réchauffer. Un moment d’inadvertance ou une plaque de glace… une chute… une soudaine douleur au dos et à la hanche. Une saison de ski foutue.
Comment reconnaitre une blessure ?
On reconnaît une blessure par l’apparition de plusieurs éléments. Ces signes et symptômes varient en fonction du degré de l’atteinte et peuvent inclure : douleur, œdème (enflure) apparaissant habituellement rapidement, rougeur, chaleur, ecchymose (coloration bleutée) apparaissant dans une période de 48h, diminution des capacités fonctionnelles (mouvements de l’articulation, marche, sports, etc.).
On m’a dit de me reposer et d’attendre que la douleur parte d’elle-même…
Faux !
Le repos complet est en fait un des éléments les plus néfastes à la réadaptation. Il a été démontré qu’une atrophie musculaire se produit rapidement et que des cellules graisseuses s’infiltrent à l’intérieur des muscles. Cela a pour effet de réduire votre force musculaire et l’efficacité de l’activation de vos muscles. Une diminution de la densité osseuse est aussi observable à moyen / long terme. En plus d’avoir des effets sur le système musculosquelettique, un repos au lit aussi banal que 24h à 72h a des effets néfastes sur le système cardiovasculaire (diminution du volume sanguin et diminution de l’endurance à l’effort en lien avec une augmentation de la consommation d’oxygène par les tissus).
Que faire alors ?
Pour guérir adéquatement, les tissus ont besoin de stimulation. Des exercices spécifiques peuvent donc renverser cette évolution défavorable. Les études prouvent qu’une prise en charge rapide (inférieure à 72h) par un professionnel de la santé diminue l’intensité de la douleur et l’incapacité résultante à la suite d’une blessure après 6 mois. Le meilleur conseil est donc celui-ci : consultez rapidement ! Peu importe le type d’approche, les traitements effectués dans les 4 premières semaines suivants une blessure seront plus efficaces que ceux fait par la suite. De plus, les autres articulations et tissus à proximité se seront moins adaptés à la blessure (ce que nous appelons compensations) et le thérapeute aura donc moins de régions à traiter.
Recommandations et conseils
Au cours des 3 à 5 premiers jours, le protocole de traitement approprié peut être résumé avec l’acronyme POLICE :
P : Protéger l’articulation affectée en limitant les mouvements douloureux. On parle ici d’un repos relatif (exemple : si vous avez mal au dos en vous penchant, rien ne vous empêche d’aller prendre une petite marche)
OL : Mise en charge optimale selon tolérance avec l’aide de béquilles ou canne au besoin (Optimal Loading)
I : Appliquer de la glace sur la région atteinte 20 à 30 minutes aux deux heures pour un meilleur contrôle de la douleur. Toujours utiliser une serviette humide entre la source de froid et la peau. (Ice) (comme vous l’avez vu dans un article précédent, ce point est actuellement controversé : http://physioextra.ca/la-glace-les-anti-inflammatoires-utile-ou-nuisible-la-guerison/ )
C : Si possible, appliquer une compression sur la zone enflée à l’aide d’un bandage élastique ou autre (jusqu’à 10 cm au-dessus de la zone atteinte. Attention à ne pas créer un garrot !
E : Élévation, maintenir la zone affectée dans une position plus haute que le cœur. En phase subaigüe (2 à 14 jours), il est conseillé de débuter les mobilisations actives douces de la région atteinte, de contracter modérément les muscles de la région pour activer la pompe musculaire et favoriser la circulation sanguine et de débuter l’utilisation du membre affecté dans certaines activités douces. Afin d’accélérer la guérison et de prévenir les complications liées à une blessure mal ou non traitée, la prise en charge par un physiothérapeute à l’intérieur des 72 premières heures est fortement recommandée. En plus de procéder à l’évaluation spécifique de votre blessure, il effectuera le traitement approprié et vous conseillera afin d’optimiser votre guérison et vous aider dans votre retour au travail ou retour au sport de façon à ce que votre réactivation soit sécuritaire.
Au fait, saviez-vous qu’il est possible de consulter en physiothérapie sans référence médicale ? Vous sauverez de longues heures à l’urgence ainsi.