On assiste de plus en plus à l’émergence de centres de conditionnement physique à rabais. Pour certains, c’est l’occasion de faire des économies. Par contre, cette tendance pourrait avoir des conséquences négatives que l’épargne de quelques dollars pourrait ne jamais compenser.
Ce phénomène m’interpelle parce que, au Québec, l’émergence de la kinésiologie est intimement liée à l’évolution des centres de conditionnement physique.
Les années 80
Ces années ont connu la progression spectaculaire du fitness : Olivia Newton John avec son bandeau et son “lets get physical“, la danse aérobie, les nouvelles machines Nautilus, la croissance fulgurante des suppléments alimentaires et la naissance de la “Sports Medicine“ aux États-Unis. Parallèlement, une multitude de centres de conditionnement physique et de sport poussaient partout.
Les gens se sont mis à l’entraînement, au racquetball, au tennis, et ce, un peu n’importe comment.
Et ce qui devait arriver arriva en mars 1991 : le décès d’un client dans une des succursales de la chaîne de centres de conditionnement physique la plus populaire au Québec. Un incident cardiaque fatal, alors que ce client s’entraînait. À la suite de son investigation, le coroner Réginald Roy avait recommandé la présence de professionnels dans ces centres, de façon à assurer la sécurité des participants. On avait alors réalisé qu’il était impératif de faire évaluer et encadrer les clients et clientes de ces centres par des professionnels de l’activité physique.
Naissance de la kinésiologie
La table était donc mise pour le début de la professionnalisation du monde du conditionnement physique. En 1995, l’Université Laval instituait le premier baccalauréat en kinésiologie, et les autres universités québécoises ont emboîté le pas depuis.
Les kinésiologues sont maintenant présents partout : dans le réseau de la santé, dans les groupes de médecine familiale, en privé comme préparateurs physiques auprès d’athlètes de pointe, en recherche universitaire… C’est tant mieux, car au cours des 30 dernières années, la science a démontré qu’une bonne condition physique et un niveau d’activités physiques quotidiennes suffisant sont les piliers d’une bonne santé et de la longévité.
Retour vers les années 80
La tendance aujourd’hui semble s’orienter vers un retour aux années 80. De plus en plus, en effet, des centres de conditionnement physique à rabais sortent de l’ombre. Qui dit rabais dit diminution des services : pas de supervision professionnelle, des « circuits » d’entraînement de 30 minutes, des cours en groupe avec vidéos préenregistrées. Une différence notable cependant par rapport aux années 80 : ces centres sont maintenant équipés de douches auxquelles on peut accéder… en payant…
Les risques liés à l’exercice
Un programme de conditionnement physique n’est pas sans comporter certains risques. En effet, si le ou la bénéficiaire est sédentaire ou aux prises avec certaines affections médicales, il peut présenter certains dangers pour la santé. C’est pourquoi une partie de la formation universitaire d’un ou d’une kinésiologue est consacrée à l’établissement des risques à l’effort encourus par l’individu qui débute un processus de remise en forme.
Pour déterminer ce risque, il faut connaître la présence d’une maladie ou les probabilités que l’individu soit affecté par cette pathologie par rapport au type d’activité physique auquel ce même individu voudrait se soumettre. Si un risque est détecté par le ou la kinésiologue lors de l’évaluation initiale, un diagnostic de présence ou d’absence d’une affection médicale suspectée devra être posé. Or, c’est ici que la décision d’entreprendre ou non un programme d’exercices doit être prise par deux professionnels : le médecin spécialiste de la maladie et le ou la kinésiologue spécialiste de l’exercice.
C’est obligatoirement un travail d’équipe, car le kinésiologue n’a pas la formation pour confirmer la présence d’une maladie ; et le médecin n’a pas la formation pour élaborer un programme d’exercices sécuritaire.
Lorsque le duo médecin-kinésiologue décide que l’initiation d’un programme d’activités physiques est sécuritaire, il faut alors s’assurer que la participation au programme est, elle aussi, sécuritaire. Un programme mal conçu ou mal supervisé augmente les risques de blessures ou d’apparition de maladies non détectées lors de l’évaluation du duo médecin-kinésiologue .
Les risques les plus communs sont les lésions liées au système musculosquelettique (muscles, tendons, os et ligaments). On parle d’entorses, de blessures de surcharge (tendinopathie, bursalgie, etc.) ou, plus rarement, de fractures. Pour les personnes déjà aux prises avec une douleur chronique, un programme mal construit et sans encadrement professionnel peut conduire à l’aggravation du syndrome de douleur persistante.
Finalement, dans certains cas relativement rares, un risque d’incident cardiaque pourrait être présent, même si l’évaluation médicale était favorable à la participation au programme. L’exécution d’un programme d’activités physiques dans un environnement où des professionnels (kinésiologues, physiothérapeutes, thérapeutes en réadaptation physique, ergothérapeutes) peuvent agir en situation d’urgence peut faire la différence entre une prise en charge efficace et un décès…
Risque le plus important
Mais le plus grand risque en conditionnement physique n’est pas une crise cardiaque, une blessure au dos ou une tendinopathie. Le plus grand risque est l’abandon. C’est le risque le plus important parce que la sédentarité et la nutrition sont les deux piliers fondamentaux d’un mode de vie sain. En plus de se soustraire à la pratique d’un programme d’exercices, une personne qui abandonne quitte un milieu où elle est justement exposée à de l’information sur les autres aspects d’un mode de vie sain : nutrition, gestion du stress, sommeil, etc.
Un(e) kinésiologue a comme première responsabilité de créer un environnement maximisant la motivation extrinsèque et intrinsèque (voir l’article sur la motivation à l’exercice) pour son client. L’élaboration de l’architecture du programme d’exercices est importante, mais le système de motivation vient avant tout, parce que même le programme le mieux conçu est absolument inutile s’il n’est pas exécuté.
La moitié des gens qui initient un programme d’exercices physiques abandonnent dans les six premiers mois (dans le cas où ils sont encadrés par des professionnels de l’exercice, la proportion est beaucoup moindre), et si on leur demande pourquoi ils ont abandonné, la majorité de ces personnes vous répondront qu’elles n’avaient plus de motivation.
Élaborer un système favorisant la motivation est le rôle le plus important d’un professionnel de l’exercice. Encore un fois, même le meilleur programme est inutile si celui-ci n’est pas exécuté.
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Le principal risque pour la santé d’un programme d’exercices est que celui-ci ne soit pas exécuté.
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.Junk fitness
Est-ce que les adeptes de conditionnement physique vont continuer d’adhérer au concept de centre sans supervision ? Oui.
C’est inévitable. Et il y aura des décès, comme en 1991.
Est-ce que ce sera une mode temporaire ? Probablement pas.
Malgré les multiples campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabac, environ 20 % de la population fume encore ; et nombreux sont ceux qui se nourrissent régulièrement de malbouffe.
Adhérer au junk fitness ? La décision vous appartient
Toujours intéressant Yvan.
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Thanks Étienne !!!!!!
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Excellent article !
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Merci Patrick !
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Un article qui parle a notre cœur …. merci Yvan Campbell ! Encore une fois vous dites tout haut se que tout les Kin pensent tout bas.
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Merci beaucoup Nicolas !! Yvan
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Encore une belle vision d’une personne « haut placée » qui ne se base probablement que sur des rumeurs entendues dans un coin de rue mais qui n’a certainement pas investigué de façon personnelle.
Les gyms visés dans cet articles ne fonctionnent plus du tout de cette façon depuis pas mal d’années. Le réseau de ces centres offre des Kinésiologues triés sur le volet, et des coach de cours en groupe sur-certifiés qui sont soumis à de la formation continue depuis bien longtemps. Merci d’arrêter de décrédibiliser des professionnels de l’entrainement.
PS: les douches sont payantes pour ceux qui CHOISISSENT de payer moins cher leur abonnement en retirant cet option. Dans la plus grande majorité des cas, ces commodités sont gratuites !!
Bonne journée.
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1) Et pour vous c’est quoi un professionnel de l’entraînement ?
2) Douches gratuites ? félicitations … 😉
3) « rumeurs entendues dans un coin de rue » : je suis dans le domaine depuis 27 ans. Je forme des kin depuis 2005. Je ne «décrébidilise» par les professionnels (les vrais …) de l’entraînement (comme je vous l’ai dit ; je les forme), Je «décrébidilise» les centres qui paient les professionnels (kinésiologues) à des salaires de crève-faim et qui ont comme mission une seule chose : $$$$.
A bon entendeur, salut !
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Vu la description fait du centre dans l’article ça en vise un en particulier, qui est bien loins des critiques douteuses exprimées plus bas, et où les professionnels de l’entrainement ont un salaire vraiment avantageux. (Puisqu’ils établissent leur offres eux-même)
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Monsieur Anonyme,
Il est facile de commenter n’importe quoi quand on signe Anonyme…
Je m’entraîne depuis plusieurs années et j’ai rencontré des entraîneurs qui m’ont blessé physiquement plus que je ne l’était et quand j’ai décider d’investir dans un vrais professionnel, c’est la journée où j’ai vu plis de résultat! Gym ou pas!!
Hugo
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