La peur de la rechute en douleur chronique

Lors d’une assemblée d’un groupe d’entraide en douleur chronique, quelques-uns des participants se sont mis à parler des « fenêtres de non-douleur » durant la portion de la soirée consacrée à l’échange.

Ces périodes sont, après quelques semaines de réadaptation, des moments où dans la journée la douleur persistante disparaît. Courtes au début, celles-ci s’allongent de plus en plus au fur et à mesure du programme de réadaptation (voir texte). Les personnes qui vivent l’expérience sont évidemment aux oiseaux.

Curieusement, ces mêmes participants étaient préoccupés par le fait de ressentir une émotion concomitante : la peur !

Deux peurs en douleur chronique

La peur est une émotion que l’on constate souvent lorsqu’on travaille avec des personnes aux prises avec la douleur persistante. En fait, il existe deux types de peur en douleur persistante.

Kinésiophobie

Le premier type est la peur de la douleur et de l’aggravation. Le phénomène a été grandement étudié et porte même un nom : la kinésiophobie. Celle-ci se manifeste par l’évitement des tâches requérant un effort physique, ce qui a pour conséquence un déconditionnement physique qui augmente avec le temps, jusqu’à ce que des tâches auparavant anodines deviennent impossibles à exécuter. (Cliquez ici pour la solution à la kinésiophobie.)

Peur de la rechute

L’autre type est la peur de la rechute. C’est cette dernière que certains des participants du groupe ressentaient. Celle-ci se manifeste lorsque l’on fait l’expérience des premiers épisodes des fenêtres de non-douleur. En fait, pour la plupart des participants à un programme d’activités physiques adaptées et spécifiques à la douleur chronique, la douleur s’estompe sous forme de « fenêtres de non-douleur » qui commencent à apparaître au cours d’une journée. La plupart du temps, ce phénomène s’accompagne d’une amélioration clinique générale, c’est-à-dire d’une amélioration des capacités et d’une diminution de l’intensité moyenne de la douleur.

Bien que ces épisodes procurent une grande joie, les individus qui en bénéficient les attribuent souvent à l’effet du hasard plutôt qu’à un signe d’amélioration clinique et ils craignent que le retour de la douleur ne soit qu’une question de temps, confirmant ainsi leur croyance.

 

« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre »
Marie Curie

 

Solution pour vaincre la peur de la rechute

La solution est relativement simple. Le désir irréaliste que la douleur soit disparue pour toujours durant une fenêtre de non-douleur est évidemment utopique.

Il faut alors s’attendre à ce que la douleur revienne et que ceci fasse partie du processus normal de réadaptation.

Qui plus est : il faut « se prescrire le symptôme », un concept que mon collègue le Dr Sylvain Gervais m’a enseigné il y a plusieurs années.

Se prescrire le symptôme signifie que l’on doit s’attendre à ce que la douleur revienne lorsqu’on a la chance d’avoir un épisode de fenêtre de non-douleur. Il faut concevoir l’épisode comme une occasion d’apprendre à gérer « le retour de la douleur », en faisant en sorte de pouvoir continuer à vaquer aux activités de la vie quotidienne.

Et pour transformer une expérience potentiellement très anxiogène en un évènement qui galvanise notre motivation, il faut alors identifier et inscrire la durée et la fréquence des épisodes de fenêtres de non-douleur pour réaliser que celles-ci augmentent. Ce qui prouvera significativement que l’on est en train de remporter la victoire sur la douleur chronique.

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Merci à Mme Diane Simard pour la correction des textes 🙂