La douleur est dans votre tête …

opinion grisCette phrase est un classique pour tous les intervenants en douleur persistante. Les personnes qui souffrent de douleur chronique et qui se font donner l’explication que la douleur est produite par le système nerveux central reçoivent parfois très mal cet enseignement donné par leur kinésiologue, physiothérapeute ou médecin traitant.

Ceux-ci en concluent que l’intervenant pense qu’ils «imaginent» ou exagèrent l’importance de leur souffrance. Bien qu’après presque 25 ans de travail dans le domaine je peux malheureusement avouer que certains intervenants ont malheureusement des préjugés (et ceux-ci devraient changer de boulot …), dans la majorité des cas ce n’est pas du tout ce que le professionnel veux dire. Ceux-ci veulent faire comprendre que c’est le cerveau (siège du système nerveux central) qui contrôle la douleur, et que c’est un dérèglement de ce système qui est la cause de la persistance de la douleur (voir le texte sur les causes de la douleur chronique).

Cette situation est le plus grand malentendu en réadaptation en contexte de de douleur chronique.

douleur-ds-la-tete

La douleur est toujours … une douleur

La «perception» de la douleur est un pléonasme. La douleur est par définition une perception. L’intensité peut sembler amplifiée par rapport à la lésion (si lésion il y a, car ce n’est pas toujours le cas) mais l’expérience de l’individu qui souffre est réelle est doit être reçu comme tel par le professionnel.

Non seulement ce doit être le cas, mais les professionnels en question doivent communiquer aux gens affligés par la douleur qu’ils comprennent bien l’importance de leur souffrance. En effet, les gens souffrant de douleur chronique  ont appris depuis longtemps  à détecter le scepticisme sur le visage des intervenants, et ceci contribue souvent au problème.


La douleur est une construction strictement personnelle, à laquelle participe tout notre système nerveux …

Henri Laborit, 1976



Consultations en douleur chronique par téléphone, Skype, Facetime, Zoom : cliquez ici


Pour rester informé sur nos prochaines parutions, inscrivez-vous à l’école de la douleur :


opinion grisAutres chroniques

 


L’angoisse de la douleur

opinion grisLes gens qui souffrent de douleur chronique sont pour la plupart angoissés à cause de l’impossibilité d’agir sur leur douleur.

Ils ne peuvent ni la fuir ni la combattre. C’est l’impossibilité d’agir, ou ce que l’on nomme dans les milieux scientifiques : l’inhibition de l’action.

L’inhibition de l’action

Le biologiste Henri Laborit a écrit «l’inhibition de l’action» en 1979.  : il y écrit que le seul comportement qui reste lorsqu’on ne peut agir ni fuir est la soumission et l’acceptation du statu quo, d’où l’angoisse et l’inquiétude face à l’avenir (ce qui est un calvaire pour les gens prédisposés à l’anxiété car par définition celle-ci est «l’intolérance à l’incertitude») et éventuellement l’apparition d’autres maladies.

C’est la raison pour laquelle une démarche de prise en charge en gestion de la douleur chronique doit être échafaudée sur l’action, c’est à dire une approche active.


L’angoisse survient lorsqu’on ne peut agir, c’est à dire ni fuir, ni lutter.

Henri Laborit, Éloge de la fuite, 1976



opinion grisAutres chroniques

 

Éducation physique et course à pied

opinion grisBeaucoup de programmes d’éducation physique débutent l’année avec la course à pied comme activité.

L’enseignement des principes de la course à pied ramène un des problèmes fondamentaux en éducation physique ; est-ce que l’on note la performance ou l’effort ?

L’effort, parce-que c’est celui-ci qui est formateur.

Par contre, il n’est pas toujours facile d’évaluer l’effort. Les spécialistes en éducation physique de l’école secondaire de Naperville aux USA ont revampé le programme pour l’orienter moins sur le sport et plus sur la condition physique. Ils en ont profité pour repenser l’évaluation dans un contexte où la technologie permet maintenant d’avoir accès à des données autrefois impossibles à obtenir.

Ils utilisent les cardiofréquencemètres, ces appareils qui mesurent la fréquence cardiaque directement durant un effort. On détermine la fréquence cardiaque maximale et les éducatrices physiques notent les étudiants selon l’effort relatif (le pourcentage de la fréquence cardiaque).

De cette façon, même si l’étudiant n’est pas très doué, si celui-ci déploie un effort valable il sait (et ceci est encore plus important que la note finale) qu’il travaille autant qu’un autre plus physiologiquement «équipé» pour la course à pied.


Dieu juge l’athlète, et non la performance

Dr Georges Sheehan


Est-ce que l’exercice peut aggraver la douleur chronique ?

Oui.

Bouger est bénéfique pour tout le monde, particulièrement pour les personnes souffrant de douleur chronique. Cependant, il faut être prudent. L’exercice physique est comme un médicament; alors qu’une dose adéquate est utile, un excès peut avoir l’effet contraire.

Chez une personne souffrant de douleur persistante depuis plusieurs mois, un excès de douleur durant un effort physique peut sensibiliser le système nerveux central et augmenter l’hyperalgie (une douleur de plus en plus intense pour la même tâche). À force de répéter ce comportement, on empire le problème de douleur chronique.

Une prescription d’exercices doit être individualisée

Malheureusement, beaucoup d’intervenants et d’organismes suggèrent des protocoles généraux qui ont le potentiel  d’aggraver le problème.

Ainsi, voici un exemple trouvé dans une brochure s’adressant à une clientèle souffrant de douleur persistante :

« Marchez de trois à cinq fois par semaine à raison de 20 à 60 minutes par jour ».

Pour certaines personnes souffrant de douleur chronique, marcher 20 minutes peut exacerber la douleur de façon très importante. Pour ces personnes souvent très déconditionnées, même deux à trois minutes de marche sont suffisantes pour induire des changements au système nerveux central qui auront pour effet d’exacerber la douleur. C’est le phénomène de «centralisation de la douleur».


Un programme d’exercices, particulièrement en contexte de douleur chronique, devrait toujours être prescrit par un professionnel (kinésiologue, éducateur physique, physiothérapeute, ergothérapeute ou thérapeute en réadaptation physique).


Le point d’inflexion de l’intensité de la douleur (Pid)

En réadaptation en contexte de douleur chronique, l’indicateur le plus important de la prescription d’activité physique est l’intensité de la douleur et non l’effort physique. Il existe un moyen très efficace pour bien moduler la dose d’exercice en gestion de la douleur : le point d’inflexion de la douleur (Pid). Cette technique permet au participant d’ajuster de façon très précise la dose de mouvement lors de l’exercice. Il s’agit d’être capable de déterminer le moment où l’intensité de la douleur augmente durant un effort. Quand le Pid est atteint, il est impératif d’arrêter l’effort.

On peut reprendre l’effort si l’intensité de la douleur redescend au niveau initial. Ensuite, si le temps avant l’atteinte du Pid pour le deuxième intervalle d’effort est inférieur à 50 % du temps avant l’atteinte du Pid lors du premier intervalle, on doit stopper l’activité pour la journée. À noter que le même concept peut être appliqué à une tâche psychologique.


Pour rester informé sur nos prochaines parutions, inscrivez-vous à l’école de la douleur :


Textes relatifs

Douleur au genou et course à pied

genou-linkedinVoici donc un article qui traite de la course à pied, ou plus spécifiquement de LA blessure LA plus fréquemment rencontrée chez les coureurs : il s’agit du syndrome fémoro-rotulien, également connu sous le nom de genou du coureur (runner’s knee).

Un autre excellent article du physiothérapeute Simon Desrosiers : Cliquez ici


Textes relatifs :

Comment vaincre la kinésiophobie

vlayean linkedinAu cours des années 1990, une équipe néerlandaise de recherche en psychologie de la douleur proposa une théorie qui eut l’effet d’une bombe au sein des intervenants en douleur chronique. L’équipe du Dr Johan Vlaeyen prétendait que la peur de bouger pouvait expliquer une partie du mystère de la douleur chronique. Vlaeyen et son équipe nommèrent ce phénomène la kinésiophobie (ou syndrome de peur-évitement).

Le syndrome de peur-évitement

Le syndrome de peur-évitement est composé d’une émotion, la peur de la douleur et de l’aggravation d’une lésion, ainsi que d’un comportement, l’évitement des activités physiques.

Le comportement d’évitement des activités physiques finit par engendrer une incapacité physique et psychologique, et cette condition augmente de plus en plus l’intensité de la douleur au fur et à mesure que le temps passe.

.

kinesiophobie 2

Figure 1 : si la douleur causée par une activité physique est interprétée comme menaçante (catastrophisme), la peur liée à la douleur progresse, entraînant un comportement d’évitement qui engendre une incapacité physique et/ou psychologique responsable d’une persistance des expériences douloureuses et, donc, d’un cercle vicieux de peur et d’évitement croissants. (Vlaeyen & coll. 1995)

.

La solution

Il faut d’abord comprendre qu’avant de débuter un programme d’exercices pour se débarrasser d’une douleur chronique, on doit absolument éradiquer la kinésiophobie, sinon on ne fait qu’empirer le problème. Les deux étapes pour ce faire sont l’éducation et l’exposition progressive.

L’éducation

Lorsque qu’on se trouve face à une peur irrationnelle, il faut d’abord réaliser que cette peur n’a pas de fondement. Par exemple, si on pense qu’une hernie discale peut causer la paralysie à la suite d’un mouvement ou d’un effort physique, un professionnel doit nous expliquer de façon claire et convaincante que ce n’est pas le cas et que, au contraire, bouger est essentiel pour éliminer la douleur et retrouver ses activités.

L’éducation est essentielle, mais pas suffisante…

L’exposition

L’éducation s’adresse à la région « rationnelle » du cerveau, la région où celui-ci crée des associations : le néocortex. Par contre, la peur, elle, est irrationnelle et provient d’une région plus primitive du cerveau : le système limbique. Même si on comprend que la hernie ne peut causer la paralysie, la peur générée par le système limbique face à une activité physique a préséance sur le fait que l’on sache une hernie sans danger : le système limbique est notre système d’alarme ultime, le mécanisme qui nous a permis de survivre. C’est lui le patron !

Une seule pratique peut venir à bout de la peur de bouger : l’exposition progressive au mouvement. Nos collègues psychologues nous ont enseigné qu’il faut progressivement se confronter à l’élément phobogène (à ce qui nous fait peur) pour l’éradiquer complètement.

Techniques

Des techniques de désensibilisation systématique ont été depuis développées et sont enseignées dans les universités depuis les années 2000. Les kinésiologues, physiothérapeutes, ergothérapeutes et TRP peuvent donc élaborer des protocoles efficaces. Les résultats sont, la plupart du temps, assez rapides : trois à cinq semaines tout au plus. Une fois la kinésiophobie éliminée, la phase de développement des capacités physiques et fonctionnelles peut alors débuter.


Textes relatifs :


Pour rester informé sur nos prochaines parutions, inscrivez-vous à l’école de la douleur :

Douleur à l’épaule, quel est le meilleur traitement ?

epaule linkedinLes tendinopathies de l’épaule sont la cause de douleur et d’incapacité chez beaucoup de personnes. On nous propose beaucoup de solutions ; des anti-inflammatoires à la chirurgie, en passant par les infiltrations et tous les autres traitements de médecines soi-disant complémentaires.

Mais qu’est-ce qui est vraiment efficace ?

Un bilan des connaissances scientifiques sur ce sujet à été commandé par l’IRSST (l’organe de recherche de la CNESST). Les conclusions de l’étude piloté par le chercheur Jean-Sébastien Roy sont les suivantes :

L’exercice

« Les interventions les plus efficaces à court, à moyen et à long termes, ce sont les exercices, estime le chercheur. Donc, renforcement, contrôle du mouvement et amélioration de la flexibilité de l’épaule.»

Infiltration, anti-inflammatoires et chirurgie

«Les anti-inflammatoires peuvent avoir un effet à court terme et les infiltrations ne donnent rien de plus que les anti-inflammatoires, tout en étant plus invasives. La chirurgie ne devrait être envisagée qu’en cas d’échec du traitement conservateur. »

Si un un des tendons de la coiffe des rotateurs est déchiré, on peut parler de rupture partielle ou complète.

« Selon les meilleures données probantes, la chirurgie est alors efficace, que ce soit par voie ouverte ou par arthroscopie. ».

Le Dr  Roy note toutefois que des études laissent entendre qu’un programme d’exercices pourrait aussi être efficace que la chirurgie en cas de rupture.

« Actuellement, les évidences ne sont pas aussi fortes qu’avec la chirurgie, mais des exercices appropriés pourraient être recommandés à une personne qui refuserait de  se faire opérer. »


Cliquez ici pour avoir accès à l’étude.

Cliquez ici pour comprendre l’anatomie de l’épaule.

Le mouvement est le principe de toute vie

19 wp

Les anciens, dont Léonard de Vinci, reconnaissaient l’importance du mouvement et de l’activité physique.

En étudiant ses codex, on constate que celui-ci a peut-être été le premier biomécanicien en étudiant et en intégrant les principes de la physique mécanique à l’anatomie du corps humain.

 

 

En terminant, Léonard sur sa vision de la sédentarité :

Le fer se rouille faute de s’en servir, l’eau stagnante perd sa pureté et se glace par le froid. De même, l’inaction sape la vigueur de l’esprit.

Léonard de Vinci

L’activité physique et traitement contre la dépression

clinique-kinesiologieOn parle de la place de l’exercice dans la prise en charge de la dépression depuis octobre 2000, alors qu’une étude montrant qu’un programme d’exercices était aussi efficace que des antidépresseurs dans le traitement de la dépression s’était retrouvée en première page du New York Times (cliquez ici).

Dans une autre étude publiée récemment, on montre qu’un style de vie plus actif durant une thérapie cognitive et comportementale améliore le résultat de la dite thérapie.

Bon article du kinésiologue et professeur à l’UQAM Paquito Bernard.

Cliquez ici


Textes relatifs :

Vendeur ou conseiller en chaussures?

walk linkedinLa prochaine fois que vous irez dans une boutique de course pour l’achat de souliers, soyez alerte et averti. De la sorte, vous ferez un choix éclairé et pourrez reconnaitre les mythes, erreurs et imprécisions entretenus par le marketing, et relayés dans les boutiques !

Bon article du spécialiste Blaise Dubois :

http://lacliniqueducoureur.com/coureurs/blogue/archives/vendeur-ou-conseiller-en-chaussures/