Est-ce que l’exercice peut aggraver la douleur chronique ?

Oui.

Bouger est bénéfique pour tout le monde, particulièrement pour les personnes souffrant de douleur chronique. Cependant, il faut être prudent. L’exercice physique est comme un médicament; alors qu’une dose adéquate est utile, un excès peut avoir l’effet contraire.

Chez une personne souffrant de douleur persistante depuis plusieurs mois, un excès de douleur durant un effort physique peut sensibiliser le système nerveux central et augmenter l’hyperalgie (une douleur de plus en plus intense pour la même tâche). À force de répéter ce comportement, on empire le problème de douleur chronique.

Une prescription d’exercices doit être individualisée

Malheureusement, beaucoup d’intervenants et d’organismes suggèrent des protocoles généraux qui ont le potentiel  d’aggraver le problème.

Ainsi, voici un exemple trouvé dans une brochure s’adressant à une clientèle souffrant de douleur persistante :

« Marchez de trois à cinq fois par semaine à raison de 20 à 60 minutes par jour ».

Pour certaines personnes souffrant de douleur chronique, marcher 20 minutes peut exacerber la douleur de façon très importante. Pour ces personnes souvent très déconditionnées, même deux à trois minutes de marche sont suffisantes pour induire des changements au système nerveux central qui auront pour effet d’exacerber la douleur. C’est le phénomène de «centralisation de la douleur».


Un programme d’exercices, particulièrement en contexte de douleur chronique, devrait toujours être prescrit par un professionnel (kinésiologue, éducateur physique, physiothérapeute, ergothérapeute ou thérapeute en réadaptation physique).


Le point d’inflexion de l’intensité de la douleur (Pid)

En réadaptation en contexte de douleur chronique, l’indicateur le plus important de la prescription d’activité physique est l’intensité de la douleur et non l’effort physique. Il existe un moyen très efficace pour bien moduler la dose d’exercice en gestion de la douleur : le point d’inflexion de la douleur (Pid). Cette technique permet au participant d’ajuster de façon très précise la dose de mouvement lors de l’exercice. Il s’agit d’être capable de déterminer le moment où l’intensité de la douleur augmente durant un effort. Quand le Pid est atteint, il est impératif d’arrêter l’effort.

On peut reprendre l’effort si l’intensité de la douleur redescend au niveau initial. Ensuite, si le temps avant l’atteinte du Pid pour le deuxième intervalle d’effort est inférieur à 50 % du temps avant l’atteinte du Pid lors du premier intervalle, on doit stopper l’activité pour la journée. À noter que le même concept peut être appliqué à une tâche psychologique.


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Les 3 phases en gestion de la douleur chronique : la préparation (1 de 3)

graph modele ikq LINUne approche active est la seule façon d’éliminer définitivement la douleur persistante. Pour qu’elle soit efficace, il importe que celle-ci soit basée sur un modèle d’intervention qui, lui, repose sur des principes, des concepts et des méthodes éprouvés scientifiquement et cliniquement.

Au cours des quelque 20 dernières années, un modèle d’intervention a émergé de notre compréhension de la recherche et de notre pratique clinique. Ce modèle se présente en trois phases : la préparation, le développement et le retour aux fonctions.

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graph modele ikq FBFigure 1 : modèle d’intervention de l’Institut de kinésiologie du Québec en réadaptation en contexte de douleur chronique.

Même si l’exercice peut à prime abord paraître théorique, il est important de bien comprendre le modèle, car celui-ci est un point de repère autant pour les intervenants que pour les individus qui participent à la démarche.

Voici donc une brève description de la première phase du modèle, la phase de préparation.


Si je disposais de six heures pour abattre un arbre, je consacrerais les quatre premières heures à aiguiser ma hache.

Abraham Lincoln


1) Préparation

La façon d’élaborer la phase préparatoire est d’établir les bases sur lesquelles tout le reste du programme  doit s’appuyer. Celle-ci comporte trois étapes.

1.1) Lien de confiance

C’est au début de cette phase que sera établi le lien de confiance entre le ou la professionnel-le et l’individu qui souffre. Point n’est besoin d’expliquer pourquoi il est si important qu’un lien de mutuelle confiance s’installe entre l’intervenant et la personne aux prises avec un problème de douleur persistante.

1.2) Éducation

Une fois le lien de confiance établi, l’intervention d’éducation sera déployée. Le fait de comprendre les mécanismes de la douleur persistante est essentiel et, dans certains cas, peut même être suffisant pour éradiquer la douleur !

Un exemple impressionnant : le Dr John Sarno, un physiatre américain maintenant à la retraite, à fait la manchette pendant longtemps aux États-Unis en obtenant auprès de ses patients un taux de succès de près de 90 % avec un traitement qui consistait en seule une présentation d’environ trois heures !

(cliquez ici pour voir le reportage au complet)

1.3) Ajustement de la charge

La dernière étape de la phase 1 est l’ajustement de la charge. En science de l’exercice, la charge représente une quantité de mouvements. Un des problèmes fondamentaux en douleur persistante est la relation entre le mouvement et l’intensité de la douleur.

Trop peu de mouvements augmente la douleur (kinésiophobie) et une trop grande quantité d’activité physique (CPMD) augmente aussi la douleur.

Un programme d’exercices spécialisés visera à ajuster le rapport au mouvement et aura comme but premier d’éliminer la kinésiophobie ou le comportement de persistance malgré la douleur (CPMD).

Si le développement des capacités physiques est initié avant cette étape, le programme sera obligatoirement un échec.

Une fois la phase de préparation terminée, la phase de développement pourra être initiée.


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Canicule et douleur chronique

hot and pain LinkedinEst-ce que les périodes de canicule peuvent augmenter la douleur chronique ?

Oui.

Principalement pour trois raisons.

Fatigue

Il faut d’abord se rappeler que l’intensité de la douleur augmente avec la fatigue (cliquez ici pour un rappel). Soumis à une chaleur relativement intense, notre corps lutte contre celle-ci pour garder la température interne à environ 37 °C. La dépense d’énergie relative à ce travail accru de l’organisme entraîne un surcroît de fatigue, ce qui augmente la douleur.

Manque de sommeil

Les personnes qui ne bénéficient pas d’un environnement climatisé voient leur sommeil perturbé par la chaleur. Le déficit d’énergie engendré par ce manque de sommeil s’ajoute à la fatigue déjà accumulée par la lutte contre la canicule.

Irritabilité

Enfin, cette combinaison, « fatigue + chaleur », exacerbe l’irritabilité, état émotif pouvant propulser l’intensité de la douleur.

Maintenant, on peut comprendre pourquoi les personnes qui souffrent de douleur chronique redoutent les périodes de grandes chaleurs.

Bon courage !


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Vélo : un début de saison sans douleur !

 

velo debut saison sans douleurLa fin de l’hiver est une très bonne nouvelle pour les cyclistes. En effet, en même temps qu’on voit les premiers merles à la fin de mars, apparaissent les premières bécanes sur nos routes.

Et vous aussi, vous voulez commencer votre saison ! Mais voilà, votre première sortie de l’an passé vous avait laissé presque handicapé pendant 4 à 5 jours tellement vos muscles étaient endoloris, et ça, sans parler de votre arrière train…

Ces désagréments peuvent cependant être évités en adoptant un bon programme de début de saison. Ce système vous permettra de bien contrôler les deux variables les plus importantes lors de l’amorce d’un début de saison de vélo: la distance parcourue et l’intensité.

Quelle intensité ?

La variable la plus importante à moduler est l’intensité. La consigne est simple : il faut y aller très  » mollo  » durant les premières semaines ! Les cyclistes expérimentés vous diront de  » mouliner « . Dans leur jargon cela veut dire d’utiliser un braquet où vous aurez l’impression de pédaler sans  » forcer « . Si vos jambes  » brûlent  » ou si vous êtes incapables de tenir une conversation sans paraître essoufflé, c’est que votre intensité est trop élevée.

Quelle distance ?

La distance de votre première sortie devrait faire en sorte que vous ne vous sentiez pas fatigué après la randonnée. Combien de kilomètres ? une bonne approximation est de calculer 20 à 25 % de votre plus longue randonnée de l’an passé. Donc, si l’an passé, votre plus longue expédition a été de 75 Km, une première sortie de 15 à 20 kilomètres serait raisonnable !

En fait, l’objectif de vos premières randonnées est d’augmenter la distance d’environ 20-35 % à chaque fois jusqu’à ce que vous atteignez votre distance de sortie moyenne.

En reprenant notre exemple, si l’an passé votre plus longue expédition a été de 75 Km, et que vos sorties étaient, en moyenne, de 55 km, alors une bonne progression pour une personne de 50 ans et moins serait de faire les 5 premières randonnées avec les kilométrages suivant : (incrément de 35 % environ à chaque sortie):

1e sortie: 19 km (distance pour la 1e sortie = environ 25 % de 75 Km),

2e sortie: 25 km,

3e sortie: 34 km,

4e sortie: 46 km,

5e sortie: 62 km.

Utilisez le tableau 1 suivant pour calculer votre progression.

velo 01

Pour une personne de 50 ans et plus, un bon programme de début de saison serait de faire les 6 premières randonnées avec les kilométrages du tableau 2.

velo 02

Une fois votre distance de sortie moyenne atteinte, vous pourrez commencer à augmenter l’intensité soit en élevant votre vitesse ou en roulant sur un parcours avec quelques « bosses » !

Un dernier mot : soyez extrêmement prudents en début de saison : il ne faut pas oublier qu’automobiles et vélos ne se sont pas rencontrés depuis 7 ou 8 mois …

Voilà, et bon vélo !

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Pourquoi une douleur devient chronique

Le concept le plus fondamental de la réadaptation en contexte de douleur chronique est le fait qu’il existe deux sortes de douleurs : la douleur nociceptive et la douleur chronique.

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La douleur nociceptive

La douleur nociceptive (ou douleur aiguë, comme on le disait il y a quelques années) est la douleur normale produite par notre système nerveux central (SNC), essentielle à notre survie. Elle a trois fonctions.

  • La première fonction de la douleur nociceptive est de donner d’alarme.

Prenons comme exemple le cas où l’on endommage un ligament du bas du dos (l’entorse lombaire) en soulevant une boîte au sol. La déchirure des fibres du tissu ligamentaire est transformée en influx nerveux par des fibres spécialisées du SNC et est transportée vers le cerveau où le signal est traité et transformé en une expérience consciente (la douleur) qui nous informe de la blessure.

  • La deuxième fonction de la douleur nociceptive est d’entraîner une immobilisation relative, celle-ci étant nécessaire à la guérison.

Quelques secondes après la blessure, la sensation devient de plus en plus désagréable et réduira notre capacité de bouger en rendant le mouvement de plus en plus pénible. Ceci est nécessaire, car l’organisme a besoin d’une immobilité relative au niveau de la structure lésée pour pouvoir la réparer.

  • La troisième fonction de la douleur nociceptive est de moduler le retour au mouvement.

Au fur et à mesure que la guérison suit son cours, le signal douloureux va progressivement s’estomper et laisser place à la reprise du mouvement, essentielle à la consolidation de la blessure. La douleur guide ce retour au mouvement, en ce sens que si la reprise des activités est trop intense, la douleur deviendra plus importante pour protéger les tissus nouvellement formés.

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La douleur chronique

La douleur chronique (ou douleur persistante, comme on le dit de plus en plus) est la douleur anormale produite par notre SNC et qui est non seulement inutile, mais qui peut devenir une véritable calamité pour les personnes qui en sont affectées.

La cause de la douleur chronique est un casse-tête depuis toujours, mais il est de plus en plus accepté qu’elle résulte d’une réorganisation du SNC. En effet, celui-ci comporte des mécanismes qui augmentent l’intensité de la douleur (les « accélérateurs ») et d’autres qui diminuent cette intensité (les « freins »). Ces deux groupes de mécanismes sont habituellement en équilibre, mais une réorganisation aberrante du système nerveux par la création de nouvelles connexions entre les neurones entraînerait la persistance de la douleur à la suite d’une blessure. C’est le fameux phénomène de la plasticité neuronale.


Ce qu’il est important de comprendre est que la persistance de la douleur n’est pas due à une lésion qui ne guérit pas, mais bien à un dysfonctionnement du système nerveux central (SNC).


Et, pour aggraver le problème, plus le temps avance, plus ce sont les conséquences physiques, psychologiques et sociales qui nourrissent la douleur. Après quelques mois, la lésion d’origine est entièrement guérie, mais la douleur persistante a envahi insidieusement la vie de celui ou celle qui souffre.

Ceci implique donc une prise en charge de la douleur chronique complètement différente de la prise en charge d’une douleur nociceptive.


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Comprendre : le deuxième principe pour vaincre la douleur chronique

deuxieme principe pour vaincre douleurTrès peu de cliniciens reconnaissent à juste titre l’importance de l’éducation lors de la prise en charge d’une personne souffrant de douleur persistante. Pourtant, le transfert d’information est non seulement nécessaire, mais il est essentiel.

En fait, il est prouvé scientifiquement que comprendre les mécanismes de la douleur permet même de la diminuer ! (cliquez ici pour les détails).

La participation à un programme de réadaptation nécessite un engagement physique et émotif important. Pour la majorité des gens, le lien entre l’exercice et la réduction de la douleur peut sembler paradoxal et il donc important que les principes soient bien assimilés pour maximiser la motivation.

Pour ce faire, le programme d’éducation doit comporter quatre sections :


Pour le premier principe : cliquez ici

Pour le troisième principe : cliquez ici


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Le meilleur type d’exercice pour prévenir les blessures sportives

bvd-st-lambert-qt-linkedinUne revue de la littérature sur la meilleure approche préventive pour diminuer les blessures infligées lors de la pratique d’un sport révèle que les exercices de renforcement musculaire sont ceux qu’il faut privilégier, puisqu’ils peuvent réduire les risques de blessures d’environ 70 %.

Nombreux seront surpris d’apprendre que, selon cette recension des 25 meilleures études cliniques sur ce sujet, les exercices d’étirement n’ont aucun effet sur la prévention des blessures.

Résultats (réduction du risque relatif de blessures) :

Exercices de renforcement musculaire : – 69 %
Exercices de proprioception : – 45 %
Exercices d’étirement : -0,96 % (non significatif)

Réf. : LAUERSEN J. B. et autres. Br J Sports Med doi:10.1136/bjsports  2013-092538.

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15 choses que vous ne saviez pas à propos du mal de dos.

vertebre lomabaire biomecLa recherche scientifique dans le domaine de la lombalgie a progressé depuis quelques années et elle vient remettre en question les croyances largement répandues sur ce sujet qui semble toucher tant de personnes. Je vous présente un excellent article publié en octobre 2015 par un groupe de physiothérapeutes irlandais : Mary O’Keeffe (University of Limerick), Dr Kieran O’Sullivan (University of Limerick), Dr Derek Griffin (Tralee Physiotherapy Clinic)

Le mal de dos est un problème si fréquent qu’il coûte plus cher aux Etats plus que le traitement combiné du cancer et du diabète, mais il existe beaucoup de mythes autour de ce problème.Nous avons questionné des experts Irlandais sur ce problème afin de faire la lumière sur cette pathologie.La recherche scientifique dans le domaine de la lombalgie a progressé depuis quelques années et elle vient remettre en question les croyances largement répandues sur ce sujet qui semble toucher tant de personnes.

La prise en charge des maux de dos coûte plus cher aux Etats que le cancer et le diabète combinés. La plupart de ces coûts sont liés au traitement des patients atteints de douleurs chroniques.

1) Le mal de dos est un problème banal et normal.

80% des gens souffriront d’un épisode de mal de dos au cours de leur vie. Souffrir du dos, c’est comme être fatigué ou être triste; nous n’aimons pas forcément cela, mais cela survient chez presque tout le monde à un moment au cours de la vie. Au contraire, ce qui n’est pas banal, c’est de ne PAS récupérer de son mal de dos.La plupart des maux de dos sont le résultat d’une simple lésion tissulaire et le pronostic est vraiment excellent. Durant les 2 premières semaines suivant un épisode aigu, la plupart des personnes rapportent une amélioration significative de leurs symptômes et près de 85% des personnes auront complètement récupéré sous 3 mois. Seul un très faible pourcentage des gens développent des problèmes invalidant à long terme.

2) Les imageries médicales (Radios, IRM, Scanner, Echographie…) sont rarement nécessaires

A la fois les professionnels de santé et la population générale pensent souvent qu’il est nécessaire de faire une imagerie « au cas où » il y aurait un grave problème contribuant à leur douleur. Au contraire, toutes les preuves scientifiques suggèrent que les imageries médicales ne montrent des éléments importants que dans une infime minorité des cas de patients avec des maux de dos.Une simple consultation avec un professionnel de santé (médecin généraliste ou un physiothérapeute/ kinésithérapeute) devrait normalement suffire pour déterminer s’il est nécessaire ou non de réaliser une imagerie médicale en fonction des symptômes et de l’histoire médicale.

3) L’interprétation des imageries médicales devrait être faite avec prudence

Nous avons pour habitude de penser que si nous disposons d’une assez bonne image de notre colonne vertébrale grâce à des imageries, cela sera d’une grande aide dans la résolution de mal de dos.Au contraire, nous savons désormais que la plupart du temps pas, ce n’est pas le cas.Quand les gens réalisent des imageries dans le cadre de leur mal de dos, les imageries mettent souvent en évidence des éléments qui ne sont pas vraiment liées à leur douleur. En réalité, les études ont même montré que les personnes n’ayant pas de douleur au dos présentaient des éléments à l’imagerie comme : des bombements discaux (52%), des disques dégénératifs (90%), des hernies discales (28%) et des changements arthrosiques visibles (38%).

Souvenez-vous, ces personnes n’ont pas de douleur ! Malheureusement, il est souvent dit aux personnes présentant un mal de dos que ces éléments sont la preuve que leur dos est endommagé. Ceci pouvant conduire à des peurs, de la détresse et un évitement des activités. La vérité est que la plupart de ces signes retrouvés lors des imageries correspondent plus à une sorte de calvitie – signe de vieillissement et de la génétique – qui n’est pas douloureuse.

4) Le mal de dos n’est pas du à quelque chose « de déplacé »

Aucune preuve scientifique ne montre que le mal de dos serait du à un os ou a une articulation du dos déplacée, ou à un bassin mal-aligné. Pour la majorité des maux de dos, les imageries ne mettent pas en évidence d’éventuels disques, os, ou articulations déplacées.Dans une très faible proportion des patients souffrant de maux de dos, il existe des changements au niveau de l’alignement de la colonne vertébrale mais cela ne semble pas être réellement en lien avec la douleur.

Bien sûr, il faut noter que beaucoup de personnes se sentent mieux après avoir été traité, par exemple, par une manipulation (qui est un mouvement rapide d’une articulation avec souvent un bruit / craquement articulaire). Cette amélioration est en réalité due à une diminution à court-terme : de la douleur, du tonus musculaire, de la tension et de la peur du mouvement mais elle n’est pas liée à un réalignement structurel du corps.

5) Le repos au lit n’est pas bénéfique

Dans les premiers jours suivant la blessure initiale, le fait d’éviter les activités qui aggravent votre douleur peut aider réduire votre douleur. C’est le cas pour des douleurs sur n’importe quelle autre partie du corps comme par exemple dans une entorse de cheville.En revanche, de fortes preuves existent et suggèrent de rester actif et de reprendre les activités habituelles progressivement, ce qui inclue le travail et les loisirs, car c’est important pour la guérison.A l’inverse, le fait de rester au repos au lit ne vous aidera pas, et cette attitude est associée avec un haut niveau de douleur, une plus grande incapacité, une plus mauvaise récupération, et une plus longue absence au travail. En fait, il semblerait que plus une personne reste au lit à cause de son mal de dos, pire sera sa douleur.

6) L’augmentation des douleurs lombaire n’est pas synonyme de plus de dommage dans votre colonne

Cela peut sembler étrange, mais nous savons que l’augmentation de la douleur n’est pas forcément en lien avec une augmentation des blessures de votre colonne. En réalité, deux individus avec la même blessure peuvent ressentir des niveaux différents de douleur. Le degré de douleur ressenti peut varier et dépend de différents facteurs comme : la situation dans laquelle la douleur survient, les expériences douloureuses antérieures, votre humeur, vos peurs, votre capacité physique, votre niveau de stress et votre attitude face à cette douleur.Par exemple, un athlète ou un soldat peuvent ne pas ressentir beaucoup de douleur après une blessure jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans un environnement moins intense.

De plus, notre système nerveux a la capacité à réguler l’intensité douloureuse d’une personne à un moment donné. Si une personne a mal au dos, cela peut-être du à son système nerveux devenu hypersensible, même si la blessure initiale (étirement, entorse) a correctement guéri.Cela explique qu’une personne ressent plus de douleur quand elle bouge ou essaie de faire quelque chose meme si elle ne blesse pas plus sa colonne vertébrale.Une fois que les personnes souffrant de mal de dos parviennent à distinguer « le mal » qu’ils ressentent du dommage réel de leur dos, il devient plus simple pour elles de participer au traitement.

7) La chirurgie est rarement nécessaire

Seule une très faible proportion des personnes ayant des maux de dos nécessitent une chirurgie. La plupart des personnes qui ont mal au dos peuvent se prendre en charge en restant actif, en développant une meilleure compréhension de la signification de la douleur, et en identifiant les facteurs qui sont impliqués dans leur douleur.Cela devrait les aider à poursuivre leurs activités quotidiennes sans avoir recours à la chirurgie.En moyenne, les résultats de la chirurgie de la colonne ne sont pas meilleurs à moyen et long terme que le traitement conservateur (sans chirurgie), comme les exercices thérapeutiques.

8) Le port des sacs-à-dos d’école est sûr – il ne faut pas s’inquiéter à propos des sacs d’école

Beaucoup de gens croient que le sac-à-dos lourd que portent les enfants pourrait leur donner mal au dos. Toutefois, les études scientifiques n’ont pas retrouvé de ce lien, révélant qu’il n’y avait aucune différence de poids des sac-à-dos entre les enfants qui développaient des douleurs de dos et les autres. Aussi, si un enfant (ou ses parents) croient que le sac-à-dos est trop lourd, l’enfant aura plus de chance d’avoir mal au dos, soulignant l’importance des peurs dans la survenue de douleurs lombaires.Compte tenu des inquiétudes actuelles portant sur l’inactivité et l’obésité chez les jeunes, le fait de porter un sac-à-dos pourrait être un moyen simple et sûr pour les enfants de faire de l’exercice.

9) La posture parfaite assise n’existe probablement pas

Devons-nous tous nous asseoir bien droit ? Contrairement à la croyance populaire, il n’existe aucune posture assise statique spécifique ayant montré un effet préventif ou de diminution des maux de dos. Les différentes postures assises conviennent plus ou moins bien aux différentes personnes, certains rapportant plus de douleurs lorsqu’ils sont assis très droits, d’autres lorsqu’ils sont avachis. Alors que la posture avachie à mauvaise presse, il n’existe aucune étude scientifique à ce jour qui défende cela. En réalité, beaucoup de gens qui ont mal au dos prennent une posture assise très rigide (par exemple s’asseoir très droit) avec quelques variations.

La capacité à varier notre posture, au lieu de maintenir la même longtemps, combinée à un apprentissage du mouvement dans une position relâchée, et en confiance, est importante pour des maux de dos.

10) Soulever du poids et se pencher est sûr

Les gens qui ont mal aux lombaires croient souvent que les activités comme : soulever une charge, se pencher ou faire une torsion sont dangereux et doivent être évités. Toutefois, contrairement à cette croyance répandue, aujourd’hui, la recherche scientifique ne soutient pas l’idée d’un lien entre les douleurs et ces mouvements.Bien sur, il peut arriver qu’une personne se blesse au dos si elle soulève quelque chose sans faire attention ou qui est plus lourd que ce qu’elle a l’habitude de soulever. De la même façon, si une personne a mal au dos, ces activités peuvent être plus difficiles que d’habitude. Cela ne veut pas pour autant dire que cette activité est dangereuse ou doit être évitée.

Bien qu’une blessure puisse survenir en se penchant ou en soulevant du poids et provoquer un mal de dos, le fait de se pencher et de soulever est une action normale qui doit être pratiquée pour aider à renforcer le dos, de la même façon que l’on reprend la course à pied et le sport après une entorse de cheville.

11) Eviter des activités et se déplacer avec prudence ne vous aide pas à long-terme

Il est banal, spécialement dans les premiers jours d’une lombalgie, de présenter des limitations significatives de mouvements. De la même façon qu’il nous arrive de boiter après une entorse de cheville, cela disparaît généralement lorsque la douleur se calme. Alors que c’est initialement difficile, reprendre les activités qui sont douloureuses ou effrayantes est important. Beaucoup de personnes, après un épisode de douleur lombaire, peuvent commencer à bouger différemment à cause d’une peur de la douleur ou de croyances sur l’activité qui serait dangereuse. Cette altération du mouvement peut-être néfaste à long terme et peut même augmenter les contraintes sur votre dos.

12) Le mauvais sommeil a une influence sur les maux de dos

Quand quelqu’un a mal, il peut être difficile pour lui de passer une bonne nuit de sommeil. Cela fonctionne également dans le sens inverse et des problèmes de sommeil peuvent conduire à des maux de dos dans le futur. De la même façon, un mauvais sommeil peut nous rendre plus stressé, plus fatigué voire épuisé, ou donner des maux de tête, il peut également causer ou entretenir des maux de dos.Donc, l’amélioration des routines et des habitudes de sommeil peut être utile pour réduire la douleur.

13) Le stress, une mauvaise humeur ou des peurs peuvent influencer le mal de dos

L’intensité de douleur peut être influencée par notre état émotionnel. Des maux de dos peuvent survenir à la suite de changements de niveaux de stress, d’humeur ou d’anxiété.De la même façon que ces facteurs influences d’autres maladies comme les boutons de fièvre, le syndrome du colon irritable ou la fatigue, ils ont un effet non négligeable sur le mal de dos. Il en résulte que la gestion du stress, de l’humeur et du niveau d’anxiété à travers des activités plaisantes comme la relaxation peuvent être réellement bénéfique pour votre mal de dos.

14) L’exercice physique est bon et sûr

Beaucoup de gens douloureux sont effrayées à l’idée de faire de l’exercice et l’évitent comme s’ils risquaient d’aggraver leurs problèmes. Alors que ce n’est pas vrai ! Nous savons maintenant que l’exercice physique régulier aide à vous garder (votre corps et votre esprit) en bonne santé, et qu’il permet de réduire la douleur et l’inconfort. Il relâche les tensions musculaires, améliore l’humeur et renforce les défenses immunitaires lorsqu’il est réalisé de façon progressive.Tous les types d’exercices sont bénéfiques, sans grande différence en terme d’efficacité entre les uns et les autres – alors choisissez-en un que vous aimez, que vous pouvez pratiquez facilement et qui vous convient.

Marcher, prendre les escaliers, faire du vélo, courir ou s’étirer sont tous des bons exercices qui aident à relâcher les tensions musculaires de votre corps.Lorsque vous avez mal, le début d’un exercice physique peut être très difficile. Un muscle sous-utilisé est plus douloureux qu’un muscle en bonne santé. Du coup, il va faire mal / tirer après l’exercice, mais cela n’indique pas une blessure de ce muscle.

15) Un mal de dos chronique PEUT s’améliorer

Depuis que nous avons associé les maux de dos à de nombreux facteurs variant entre les individus et que nous avons traités ces individus en ciblant les facteurs pertinents, les patients se sont améliorés et les traitements sont apparus efficaces.L’échec de traitement des maux de dos après de nombreuses tentatives est très frustrant et entraîne parfois une perte d’espoir chez les personnes souffrants.Néanmoins, c’est une situation assez fréquente car la plupart des traitements ne s’intéressent qu’à un seul facteur. Par exemple, une personne reçoit un massage pour ses douleurs musculaires mais la thérapie ne s’intéresse pas aux problèmes de sommeil, à l’état physique général ou au niveau de stress.

En identifiant les différents facteurs impliqués chez chaque individu et en essayant de les traiter, la douleur peut diminuer de façon significative et les personnes peuvent vivent heureuses et en meilleure santé.

http://www.independent.ie/life/health-wellbeing/15-things-you-didnt-know-about-back-pain-31367264.html

 


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Deux fois plus de détresse psychologique chez les personnes souffrant de douleur chronique

Mon collègue et ami le Dr Sylvain Gervais était mon invité de ce matin à l’Université du Québec à Montréal pour un séminaire sur la psychologie de la douleur. En effet, celui-ci a démontré à l’aide de statistiques épidémiologiques que la détresse psychologique est deux fois plus prévalente chez les gens qui souffrent de douleur persistante que dans la population générale (voir graphique).

Douleur et atrophie du cerveau

Novembre 2004, un chercheur américain, le Dr Apkar Vania Apkarian, publie une étude qui démontre hors de tout doute que la douleur chronique produit une réduction de 11 % de la matière grise du cerveau. Les sujets de son étude étaient des individus qui souffraient de maux de dos chroniques.

Le travail du Dr Apkarian illustrait que la diminution du volume cérébral était directement proportionnelle au nombre d’années pendant lesquelles ces personnes avaient souffert de leur lombalgie. Cette diminution du volume du cortex préfrontal et du thalamus équivalait à 10 ans de vieillissement « normal » du cerveau.

Étonnement général chez les chercheurs et les cliniciens. Par contre, panique et désarroi chez les gens qui souffraient de douleur persistante.

Depuis la parution de cette étude, de nombreux chercheurs ont démontré le même phénomène dans les cas de fibromyalgie, de syndrome douloureux général complexe (algodystrophie réflexe), de migraine et du syndrome du colon irritable. Cette atrophie de certaines régions du cerveau pourrait expliquer pourquoi les douloureux chroniques éprouvent des problèmes de concentration, de mémoire et autres troubles cognitifs.

 

Réversibilité

La bonne nouvelle est que ce phénomène est réversible. Une étude effectuée à l’université McGill en 2011 et pilotée par le Dr David Seminowicz démontre que les douloureux chroniques affectés par ces changements dans la structure physique de leur cerveau peuvent inverser le phénomène. En effet, les participants de l’étude ont vu leur cerveau revenir à la normale après avoir réussi à diminuer et à éliminer leur douleur.

Exercice et BDNF

Un des mécanismes qui expliquerait la réversibilité de l’atrophie de certaines régions du cerveau conséquente à une douleur persistante pourrait être lié à l’exercice. En effet, l’exécution régulière d’un programme d’exercices stimule la production du facteur neurotrophique issu du cerveau (Brain-Derived Neurotrophic Factor en anglais) ou BDNF. Le BDNF est un membre d’une famille de composés chimiques, les neurotrophines, qui agissent littéralement comme un engrais pour les cellules du cerveau. Le BDNF favorise la neurogénèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux neurones, ce qui pourrait contrecarrer l’atrophie induite par une douleur qui dure depuis des mois, voire des années. De plus, le BDNF favorise les connexions entre les neurones, que l’on nomme synapses, et qui sont les fondements de l’efficacité du fonctionnement de notre cerveau.

Ceci pourrait expliquer, en partie, pourquoi l’exercice est tellement efficace dans la prise en charge des syndromes de douleur persistante.

 


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Merci à Mme Diane Simard pour la correction des textes 🙂